mercoledì 23 dicembre 2015

Edizione Speciale

Nei giorni scorsi ho conosciuto a Kao degli operatori individuali nel settore della ricerca dell'oro.

Ieri sera sono andato per la prima volta al cinema ed ho assistito alla proiezione di un film Burkinabé il cui argomento sostanzialmente era incentrato sulla corruzione e allo stesso tempo anche sulla nobiltà della gente comune nel cercare di non cedere ai ricatti di chi detiene il potere.
Oggi mi posso dichiarare ufficialmente ammalato e pertanto, oltre ad un paio di incontri previsti in agenda, non mi sento di partecipare alle attività quotidiane così ho più tempo per cercare di essere aggiornato su ciò che succede nel mondo lontano da me ed anche in quello più vicino: sono incappato in questo articolo riportato su lefaso.net che ho ritenuto di riportare integralmente in quanto sintetizza il pensiero che ho maturato vivendo qui, vedendo circolare auto stratosferiche ed apprendendo di ricchezze immense di alcuni mentre si percepisce il completo disinteresse alla realtà delle popolazioni, sia delle città che dei villaggi (quelle poi sono solo forza lavoro isolata e per i governanti è bene che nulla intervenga a cambiare qualcosa).
Interessante apprendere dalla accurata indagine condotta da una ONG Svizzera come quel paese mitizzato da molti sia prevalentemente un centro di affari poco puliti: ed è sempre così con il denaro che un vecchio adagio sosteneva non puzzare (qualsiasi ne sia la provenienza).

L’or du Burkina, le Togo et la Suisse
mercredi 23 décembre 2015
En septembre 2015, la Déclaration de Berne (DB) publiait un dossier sur l’or du Burkina dans son journal «Solidaire n°242». Et ce qui est donné à savoir dans ce numéro spécial mérite d’être porté à la connaissance des burkinabé et d’être débattu… De quoi s’agit-il?


L’enquête sur l’or du Burkina est partie de la publication – pour la première fois – en février 2014 des statistiques sur la provenance des importations d’or en Suisse. Il s’avère surprenant que la Suisse a importé près de 1,3 tonne d’or du Togo pour le seul mois de janvier 2014. Les enquêteurs de la DB qui savent que le Togo ne produit de l’or que de manière résiduelle, se demandent alors d’où provient cet or exporté du Togo vers la Suisse. Ils décident alors de remonter la chaîne d’approvisionnement de cet or (voir carte infographie). Un coup de chance leur fournit des documents exclusifs qu’ils se donnent pour but de vérifier. Ce travail qui a duré 10 mois a permis de faire 45 interviews dans les trois pays et visiter 5 mines artisanales au Burkina Faso.
L’or du Burkina, le Togo et la Suisse
La DB est une ONG Suisse qui fait la promotion des relations transparentes et équitables entre le Nord et le Sud. Notamment à travers des campagnes régulières qui mettent à nu les injustices, la corruption et les crimes économiques qui jalonnent les échanges entre pays riches et ceux, appauvris, qu’on dit pauvres. Elle mène des enquêtes et adopte des prises de position en faveur de nouveaux mécanismes politiques et juridiques pour contraindre les multinationales à respecter les droits les plus élémentaires des pays et des populations qu’elles exploitent à travers le monde.

Les résultats de l’enquête montrent que «l’or togolais est en fait burkinabé». Et c’est de ces mines artisanales du Burkina que provient l’or expédié en contrebande au Togo pour être exporté vers la Suisse. Outre les «conditions de travail déplorables», l’enquête révèle «un manque à gagner de plusieurs millions de francs suisses pour les recettes publiques burkinabé», un «écart considérable entre les déclarations officielles des raffineurs d’or Suisse et leurs pratiques réelles» et que «ces opérations s’effectuent sans le moindre contrôle des autorités suisses », encore moins celles du Burkina et du Togo.
Les conditions précaires et périlleuses dans lesquelles ces sites d’orpaillage sont exploités sont bien connues et documentées (voir le petit film documentaire ici). Travail des enfants, criminalité et réseaux de ventes des concessions et de l’or, etc. Sans oublier les dégâts environnementaux causés par les produits chimiques, la destruction des espaces et des sols par une massification démographique sur les sites mêmes… et cette illusion qui attire de jeunes gens abandonnant tout, dans la contrainte ou le dans désespoir, pour risquer leur santé et leur vie dans ces mines d’or. Cet or qu’ils s’échinent à extraire ne bénéficiera que très marginalement à eux comme au pays qui se voit littéralement piller et détruire les ressources sans complexe !
Mais qui sont ces acteurs ? Ceux-là qui attribuent les concessions d’exploitation, les acheteurs officiels et officieux de l’or extrait ainsi que tous ces petits et gros trafiquants qui s’activent autour de l’or du Burkina. Comment se fait-il qu’il y ait tant d’or du Burkina qui « échappe » aux douanes et autres services de contrôles burkinabé, à tel point qu’en 2014 sept tonnes d’or (estimation basse de la DB) se retrouvent au Togo sans que l’Etat burkinabé n’en perçoive aucune taxe ? Les acteurs de ce commerce triangulaire de l’or burkinabé sont pourtant bien connus.
Au Burkina Faso

Du côté burkinabé, avec les mines d’or artisanales et leurs divers trafiquants, il y a la SOMIKA (et quelques autres), la Société minière Kindo Adama et ses liens étroits avec le régime Compaoré ainsi qu’avec la Guinée Conakry (un autre pays minier) dont il est consul honoraire. A elle seule la SOMIKA du sieur Adama Kindo, qui est un comptoir d’achat d’or, possède 289 permis d’exploitations minières. Ce grand nombre de permis contrastent cependant avec les chiffres officiels qui affirment que seules 3 mines principales produisent à elles seules 97 % de l’or extrait au Burkina. La SOMIKA bénéficie sans aucun doute de réseaux de passe-droits dans l’administration publique sans la complicité desquels ce trafic frauduleux ne saurait prospérer.
Ensuite il y a le Ministère des Finances qui ne semble pas se préoccuper de cette perte fiscale systématique due à la contrebande de l’or via la filière togolaise. Le Ministère des Mines et de l’Energie, un autre acteur de ce dossier reconnaît qu’il n’y a « pratiquement pas d’’exportations légales d’or entre le Burkina et le Togo ». Et pourtant cet« or togolais » vient du Burkina par le biais de « négociants burkinabé qui sont en fait des contrebandiers échappant aux impôts ».
Comparées aux 36 tonnes d’or industriel produits en 2014, les 7 tonnes d’or burkinabé expédiées frauduleusement au Togo puis exportés vers la Suisse la même année représentent près de 20 % de la production d’or industrielle du pays. Les pertes fiscales pour le Burkina sont estimées à 6,47 millions de francs suisses, soient près de 4 milliards de CFA perdus pour les recettes publiques rien que pour l’année 2014. Cela équivaut à 24.32 % de toutes les aides cumulées de la coopération suisse au Burkina Faso en 2014 (voir chiffre DDC 2014).
Ces opérations frauduleuses n’auraient jamais été possibles sans la complicité d’hommes politiques et d’agents des administrations publiques des deux ministères qui partagent avec les négociants « contrebandiers » le butin de leur pillage du pays. Car l’argent perdu par le fisc burkinabé est bien gagné par ces trafiquants d’or et leurs complices dans la politique et l’administration locale qui agissent en toute impunité… privatisant ainsi des ressources publics à leur profit.
Enfin il y a le Groupe Ammar, propriété de frères libanais qui s’arrangent avec divers négociants comme SOMIKA pour exporter l’or du Burkina depuis le Togo en réalisant un substantiel bénéficie fiscal car la taxe à l’exportation d’or à Lomé (45CFA/gr d’or) est dix fois inférieure à Ouaga (500CFA/gr d’or). Voilà comment agissent ces groupes au Faso, et cela rien qu’à travers la filière togolaise de la contrebande de l’or du Burkina… sans compter les autres circuits illégaux !
Au Togo
Au Togo, deuxième pays de cette triade, c’est encore le Groupe Ammar, avec sa filiale Wafex, qui se charge d’exporter l’or sorti frauduleusement du Burkina vers la Suisse. Il apparaît dans l’enquête que les autorités togolaises sont bien au courant de ces opérations, car il est inimaginable que cette société bien implantée au Togo puisse recevoir de l’or du Burkina pour ensuite l’exporter en Suisse sans leur bénédiction. D’ailleurs l’or est exporté vers la Suisse comme de l’or togolais alors que les autorités togolaises savent bien que leur pays n’en produit pas. Cette activité centrale est l’œuvre d’une famille libanaise, les Ammar qui se trouvent impliqués de part et d’autre dans la chaîne d’approvisionnement de cet or.
En Suisse
Le Groupe Ammar possède en Suisse une autre filiale dénommée MM Multitrade qui opère comme importateur exclusif de l’or burkinabé exporté du Togo par sa filiale Wafex basée à Lomé. La famille Ammar possède et contrôle donc les trois circuits de la contrebande de l’or burkinabé (contrebande au Burkina, export du Togo et import en Suisse). En tout cas c’est le cas de ces 7 tonnes d’or achetées en 2014 par la société suisse de raffinage d’or VALCAMBI au Groupe Ammar.
Outre ce raffineur d’or suisse qui est pratiquement l’unique client du Groupe Ammar pour l’or exporté du Togo, il y a l’ARAB BANK de Suisse qui gère les transactions financières de ce commerce triangulaire. Ces groupes sembles toutes en règle et les autorités douanières suisses, autres acteurs de cette contrebande, ne posent pratiquement aucune question sur l’origine réelle de cet or importé du Togo. Elles se contentent des déclarations de l’importateur MM Multitrade pour certifier la provenance de l’or importé qui n’est pas forcément le pays d’origine de l’or que la Suisse achète…
Toutefois, il ne faut pas demander aux suisses de faire le boulot des autorités burkinabé et togolaises qui laissent filer autant de ressources sans possibilités de les taxer. La Suisse importe de l’or massivement et de partout. Mais, dans les faits, elle pose rarement des questions sur son origine. Sauf, cas rarissime, pour répondre à des interpellations d’ONG comme la DB ou d’acteurs de la société civile ou politiques qui demandent la transparence dans les importations suisses d’or et d’autres matières premières et/ou précieuses. Comme c’est le cas de la publication des statistiques sur l’importation d’or en Suisse en 2014 et qui a été le point de départ de cette enquête.
Il est à signaler qu’elle a commencé juste après la chute du régime Compaoré en octobre 2014. On pouvait espérer que ces résultats allaient intéresser les organes de la Transition… qui s’achève bientôt. Mais apparemment ce ne fut pas le cas à la publication ses résultats en août 2015. A part quelques échos (Mutations et Le Reporter… ?), il semble que ce travail n’ait pas reçu toute l’attention qu’il méritait tant du côté Suisse que burkinabé.
Les nouvelles autorités du pays, à commencer par le Président Kaboré, doivent savoir qu’il y a des endroits où prendre/reprendre cet argent qui est dû à l’Etat et ne pas le laisser filer entre les mains de contrebandiers qui siphonnent les ressources du pays avec la complicité de certains fonctionnaires et politiciens. Il est déroutant de constater que des pays qui se disent pauvres et qui déploient d’humiliants, d’épuisants et d’aliénants efforts pour quémander de l’aide alors qu’ils semblent incapables de contrôler, de mobiliser et de redistribuer le peu de ressources qu’ils possèdent.
Comment peut-on voir autant de pertes fiscales, sans compter les diverses exonérations fiscales que l’Etat offre aux compagnies de mines industrielles, sans se demander ce que veulent finalement nos gouvernants et autres gestionnaires de la chose publique. L’or est un cas emblématique, mais cette situation qui consacre le siphonnage de nos ressources vers d’autres cieux avec la complicité et la bénédiction de nos propres Etats n’est pas isolée et ne peut pas durer. On ne peut pas dire qu’on ne savait pas… Et on ne peut pas non plus continuer de se plaindre de notre pauvreté et en faire l’excuse de nos problèmes structurels et de notre sous-développement alors qu’on laisse filer des ressources substantielles et parfois essentielles pour aller mendier auprès de ces mêmes pays qui, comme la Suisse, contribue à sa manière à appauvrir un pays comme le Burkina tout en prétendant lui apporter de l’aide. Une chose est sûre, la Suisse ne lèvera pas le petit doigt pour mettre fin à ce pillage dont elle bénéficie, malgré le travail remarquable d’ONG suisses comme la DB qui tentent de mettre en lumière la nature criminelle et inéquitable des échanges économiques qui profitent presqu’exclusivement aux pays riches et à leurs multinationales au détriment des pays qu’ils appauvrissent en prétendant y investir…
C’est le lieu d’interpeller ici les nouvelles autorités du Burkina qui clament que « plus rien ne sera comment avant ». On le voudrait bien. Mais pour cela, dans les nombreux dossiers et chantiers qui attendent le Président Kaboré, son/ses gouvernement à venir et la nouvelle assemblée nationale post-Compaoré, il faudra montrer un réelle volonté politique de changer les choses.
L’or est l’une des principales et rares exportations du pays, et ses implications tant en termes économiques et financières que sanitaires et environnementales méritent que l’on y regardent désormais de plus près. Et avec la publication de cette enquête, il y a de la matière pour les nouvelles autorités si elles décident de mener des investigations sur cette affaire d’or pour éclairer davantage l’opinion publique et prendre des mesures conséquentes pour arrêter cette saignée fiscale qui participe directement à l’appauvrissement du pays.
Pour approfondir cette lecture voici des liens où vous pouvez trouver les résultats et compléments documentaires de cette enquête : 

1 – Le dossier « Un filon en or : La véritable histoire de l’or « togolais » raffiné en Suisse »
2 – Campagne et actions « Un filon en or » :
3 – Résumé du dossier « A golden racket… »
4 – Infographie : Carte du cheminement de l’or du Burkina vers la Suisse via le Togo :
5 – Un filon en or… le petit film documentaire de la DB sur Youtube :

21 décembre 2015
Une correspondance particulière de B. Parfait Bayala

Journaliste Indépendant Géneve

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